La valeur des mots

 

A force de travail, de volonté, de persévérance, chacun de nous trace son chemin de vie et cueille enfin les fruits de son labeur.

Je suis de ce temps-là, le temps où les parents, les grands-parents, inculquaient des principes de base aux enfants, aux petits-enfants, pour le bâti d'une existence sur des valeurs morales réelles.

Je suis de ce temps-là où les anciens, pétris d'expérience, de connaissance, de rigueur, d'honnêteté, qualités apprises à l'école de la vie, parlaient un langage où les mots, tous les mots, avaient une signification, un plein sens car ils découlaient d'épreuves au quotidien.

C'est une certitude : les mots possèdent une valeur quand ils sont acquis dans le travail, dans le comportement, dans le partage ; cette consistance leur accorde une place de choix dans le dialogue. Ainsi, l'on respecte autrui car l'on sait, de génération en génération, ce que vaut l'être humain.

Présentement, ampleur étant donnée par l'esprit matérialiste outré de certaines personnes, on fausse le raisonnement des gens en leur inculquant des termes lourds de mauvaises résonances : rendement, rentabilité, profit, compétitivité. Alimentée par ces termes, naît la course à l'argent à tout-va et sous ses aspects et les plus négatifs.

Absents sont les cours de morale dans les classes. Et les cours de récréation génèrent des rêves et les plus fantaisistes : chacun des écoliers se voit multimillionnaire, à la manière des footballeurs professionnels, vendus comme du bétail, ou des vedettes de cinéma, de la chanson, installées tout en haut d'un coffre-fort planqué en Suisse.

Je suis d'un autre temps. Sans nostalgie de ce temps-là, vécu près des cosses de bois, flammes et chaleur et sécurité d'une cheminée où la famille partageait la valeur du travail, le parler franc, la paix du foyer.

 

 

Marcel Bénézit

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