POISON D'AVRIL

 

Quelles que soient les berges que nous fréquentons, nous, pêcheurs de rêves, nous risquons de tomber dans l'eau. Si nous sommes au bord d'une falaise, à trop y rester, les yeux pleins de ciel, nous pouvons être pris par le vertige et précipités dans l'océan. Cet axiome est connu. Ce qui l'est moins, peut-être, c'est qu'au fond des rivières, des fleuves, des torrents, d'autres rets nous attendent.

 

Pour avoir trop longtemps cru que "les grives tombaient cuites dans l'assiette" – disaient mes parents – nous sommes soudain immergés dans un bain aux senteurs pestilentielles.

 

Et si le premier avril, chaque année, nous apporte le poisson frais, à l'œil goguenard, voire au sourire farceur, le 21 avril 2002, nous a valu un gros poisson avarié, puant, nauséabond.

Souhaitons que celui du 5 mai 2002 ne soit pas un poison mortel.

 

Marcel Bénézit

Ligny, le mardi 23 avril 2002