Des marionnettes ont envahi une partie du pays des cigales qui rêvaient de jeux et de joies. Elles se sont installées, ces marionnettes, dans le grand cirque de leur suffisance et s'essoufflent à raconter, non des histoires drôles mais de nombreux mensonges. C'est leur rôle. Et elles s'offusquent face au scepticisme des cigales : "Comment, vous ne croyez pas à nos discours ? Vous n'acceptez pas nos invitations à entrer dans notre scénario ? Vous dites qu'il est mauvais et que le film sera un navet ? Quelle ingratitude !" Des pantins ont envahi l'autre partie du pays des fourmis désireuses de glaner le produit de leurs efforts et à défaut, d'obtenir un peu plus de respect de la part de ceux qui les écrasent de leur mépris. Et ils s'offusquent, ces pantins : "Comment, vous n'êtes pas contentes ? On vous offre pourtant du travail et vous râlez sans cesse contre nous ! Ah ! les petites gens, les petites gens !" Un jour, peut-être, les cigales et les fourmis emprunteront les mêmes chemins : ceux qui conduisent au travail reconnu par les marionnettes et les pantins, au partage équitable des richesses. Tout en chantant et en dansant une ronde fraternelle.
Marcel Bénézit Ligny, le mercredi 19 juin 2002 |