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La Rentrée Je suis d'un temps où les vacances, les grandes vacances, duraient du 14 juillet au 1er octobre. Je suis d'un temps où les senteurs de foins et de moissons nous parlaient de faux de râteaux et de fourches en bois, de chars bien bâtis et peignés, de granges chaudes, de javelles, de gerbes ficelées avec des liens de paille, de meules et de grains, l'or des greniers. Je suis d'un temps où les perdreaux, des compagnies de perdreaux, les cailles, les lièvres noirs et roux, les pigeons ramiers, dessinaient la campagne de leurs vols et de leurs traces. Je suis d'un temps où l'on gardait les vaches, deux fois par jours, où l'on savourait le bol de lait tiède à la traite de quatre heures, où l'on partageait les travaux des prés et des champs avec toute la maisonnée. Je suis d'un temps de labeur mais aussi, et malgré les coups de gueule, de plaisirs, de jeux et de joies au sein d'une communauté de village. Je suis d'un temps où la rentrée n'avait pas le goût amer d'un avenir incertain, où l'on était assuré, bon an, mal an, de bénéficier, dans la dignité, le respect des travailleurs, d'une vie à la hauteur d'être humain. Marcel Bénézit Mardi 3 septembre 2002 |
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